Les Lycées Pro transformés en Centres de Formation des Apprentis... c’est Non !
mis à jour mardi 6 mars 2007

Les campagnes publicitaires, les soutiens financiers ou les filières de formation semblent toujours favoriser la formation par apprentissage, majoritairement gérée par les Chambres de commerce et d’industrie ou par des organismes patronaux. L’apprentissage existe, c’est une réalité. Mais pour nous, il ne peut s’agir que d’un système palliatif de formation destiné à ceux que l’éducation de masse ne peut prendre en charge. La formation professionnelle initiale doit être essentiellement sous statut scolaire et dans le cadre de l’Education nationale.
Toute formation en apprentissage est tournée vers l’adaptation immédiate aux nécessités de l’entreprise, d’où l’apparition de générations « Kleenex ». Tandis que les apprentis sont formés à être rapidement opérationnels, le changement de machines-outils entraîne le recours à une nouvelle génération qui laisse les anciennes sur le carreau. D’ailleurs, l’offre de formation par l’apprentissage se réduit trop souvent au bassin d’emploi, limitant l’éventail des formations proposées. Pourtant, tout individu a droit à une formation en fonction de ses aspirations et non en fonction de son lieu d’habitation. Mais l’apprentissage, quoiqu’on dise, sert d’abord à approvisionner une large part du patronat en main-d’œuvre bon marché.
On voit ainsi apparaître des formations sous statut d’apprenti qui recrutent au même niveau, au même endroit et pour un même diplôme que la formation offerte dans le système scolaire. Dans la plupart des cas, de telles créations auront pour effet l’extinction de la section existante dans le système scolaire. Il faut pourtant rappeler que le système de l’apprentissage permet aux employeurs de refuser des candidats, puisqu’il faut leur accord pour obtenir un contrat.
Ce système particulièrement discriminatoire sert donc de filtre social et laisse pour compte une partie des postulants. Ainsi, nombre de candidats à l’apprentissage n’atteignent jamais la fin de leur formation : plus d’un contrat d’apprentissage sur cinq est rompu avant son terme !
Au contraire, la formation professionnelle initiale publique se doit d’accueillir tous les candidats dans la limite des capacités d’accueil. La comparaison des résultats obtenus par ces deux systèmes doit donc tenir compte de cette réalité. La formation professionnelle initiale publique est ainsi confrontée à une concurrence déloyale dans les secteurs où il existe : industrie, tertiaire ou hôtellerie.
Le loup dans la bergerie
La mise en place de Centres de Formation des Apprentis publics dans les LP ne se fait pas pour des raisons pédagogiques, mais pour des raisons idéologiques et financières. On veut introduire le loup dans la bergerie : si l’on se projette à l’horizon des quinze ans à venir, la gestion souple de la carte scolaire au plus près des besoins patronaux va amener immanquablement la disparition des lycées professionnels au bénéfice des formations par apprentissage. Pourtant, le constat est navrant pour l’Etat qui, depuis le gouvernement d’Edith Cresson, a cherché à créer des sections d’apprentissage sous statut public : les patrons n’en veulent pas et les jeunes ne se bousculent pas à l’entrée. Jusqu’où va-t-on alors aller dans les primes pour inciter le patronat au recrutement d’apprentis ?
Rappelons que seul le système de formation professionnelle initiale publique (LP, SEP, SEGPA, EREA), est garant d’une formation complète du travailleur comme du citoyen. Celle-ci doit servir de support à :
la transversalité ;
l’adaptabilité ;
la reconversion professionnelle ;
la poursuite d’études ultérieures ;
la formation à la citoyenneté.
Nous ne sommes pas seulement chargés de transmettre des compétences professionnelles, nous avons aussi à éduquer, à enseigner, à développer l’esprit critique. Sans cette base de formation initiale, on ferme toute possibilité d’évolution individuelle et professionnelle. Pour Sud éducation, il est donc fondamental de maintenir les trois voies de formation sous statut scolaire d’égale dignité : générale, technologique et professionnelle.
Sud éducation Calvados
Pour les jeunes, l’injustice du système de formation
« L’apprentissage, ça veut dire, dans le système actuel, treize semaines de cours seulement par an. Et treize semaines de cours, pour des élèves qui sont en échec dans les apprentissages fondamentaux, c’est la condamnation à perpétuité à des tâches de pure exécution », Philippe Meirieu (in « Les dossier de l’Actualité », Bayard presse, janvier 2006).
APPRENTI | LYCEEN | |
Formation | gratuite | gratuite |
Rémunération | 25% à 61% du SMIC (de 8593 euros à 15800 euros sur 2 ans) | Aucune (même durant le stage) |
Boite à outils | Offerte dans certaines régions | Idem |
Retraite | Droits ouverts | Rien |
Chômage | Droit aux ASSEDIC | Rien |
Allocations Familiales | Oui si moins de 20 ans et maximum 55% du SMIC | Oui |
Indemnités | Transport ; Hébergement ; Restauration | |
Logement | Allocation logement | |
Congés | 2,5 jours par mois de travail, soit 5 semaines par an | Congés scolaires |
Réductions diverses | Carte (cinéma, RU, sport,...) | Idem |
Avantages pour l’employeur | Exonération Sécu
Exonération chômage, retraite complémentaire, pour moins de 10 salariés Aide à l’embauche Aide à l’effort de formation (de 1525 euros pour un moins de 18 ans à 1830 euros pour un plus de 18 ans) 7,625 euros par heure supplémentaire de formation (max 200 heures) |
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Bourses | Aide sur critère social | Sur critères sociaux |
Formation en entreprise | De 1/2 à 3/4 du temps de formation | 15 semaines /72 en CAP,
12 /72 en BEP 16 /72 en Bac Pro |