Établissement Public d’Enseignement Primaire
mis à jour dimanche 2 septembre 2007

Campagne électorale oblige, le ministère semble lever le pied à propos de son projet d’expérimentation des EPEP (Établissement Public d’Enseignement Primaire). Pour autant, il ne manque plus qu’un texte pour mettre en place le statut fonctionnel de directeur d’EPEP. Ce projet reste dangereux à plus d’un titre.
Une territorialisation de l’éducation
Les collectivités territoriales sont majoritaires dans les Conseils d’Administration (CA). Le président, issu des collectivités territoriales, a voix prépondérante en cas d’égalité. Certes les programmes restent nationaux, mais les risques d’une pression idéologique sur les projets pédagogiques des écoles sont importants. Les instits/PE seront, de fait, plus dépendants des élus locaux.
À terme, il sera possible de gérer la carte scolaire via les EPEP, donc de faire exécuter le « sale boulot » des fermetures de classes par le CA. Dans un contexte de remise en cause des secteurs scolaires, cette logique risque de renforcer les inégalités déjà criantes entre les écoles selon leur implantation. Déjà certaines catégories sociales sont reléguées ; celles qui ne votent pas ou « pas bien », risquent d’être plus souvent oubliées que d’autres.
Une perte de l’autonomie pédagogique
La création de 2 nouveaux échelons hiérarchiques change radicalement la donne :
le directeur d’EPEP, organe exécutif du CA
la création d’un conseil pédagogique composé de personnels choisis par la hiérarchie au lieu du Conseil des maîtres, où toutes et tous sont présents...
En effet, le projet déresponsabilise les enseignants de base, au « profit » d’une petite hiérarchie locale, elle-même sous pression d’une double autorité, celle de l’Éducation nationale et des collectivités territoriales.
Les sanctions contre les directeurs en grève administrative donnent une idée de la mise au pas rêvée par la hiérarchie. Cela n’augure rien de bon, pour les futurs directeurs d’EPEP, recrutés sur poste à profil (statut d’emploi) et sur une période de 5 ans renouvelable une fois (une sorte de CDD).
La présence d’un chef casse le lien d’égalité entre les collègues, entre les écoles. Du coup, c’est aussi les liens de solidarité qui risquent de s’effilocher progressivement.
Un renforcement des inégalités
Ce projet idéologique, réclamé par une infime minorité de communes (85) regroupées dans 7 intercommunalités, est une attaque sournoise déclenchée dans le cadre plus général de la décentralisation.
Une décentralisation, sans redistribution des richesses ni gestion démocratique, des personnels et des usagers ne peut aboutir qu’à une augmentation des inégalités et porte les germes de déréglementations plus profondes.
Les écoles primaires connaissent déjà des aspects de ce type de décentralisation :
Ressources financières inégales entre les écoles : le Snuipp, reprenant et élargissant une étude de Sud Hérault, avait démontré, il y a quelques années, que le rapport d’inégalité pouvait aller de 1 à 10.
Privatisation des cantines et des services de nettoyages, des structures de « classes de découverte ». Si la première année de privatisation a du succès, les collègues déchantent souvent ensuite : la qualité des repas diminue, plus de contact avec les personnels de restauration et d’entretien. Les classes de découverte « clé en main » signifient souvent une perte de la maîtrise pédagogique et un abandon des politiques de quotient familial qui permettaient aux familles pauvres de faire partir leurs enfants.
Sud éducation Créteil
ÉCOLE | Établissement Public d’Enseignement Primaire (EPEP) |
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Décision de création | |
-dans le cas où l’organisation du service public l’exige : préfet du département, sur proposition de l’IA et après avis du CDEN. | -Représentants des communes ou des EPCI, après avis des conseils des écoles concernées et accord de l’autorité académique, qui doit en apprécier l’impact sur les finances publiques. |
Statut | |
pas de statut d’établissement. | il fixe notamment :
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Conseil d’école | Conseil d’Administration |
-directeur d’école ;
![]() ![]() ![]() ![]() ![]() L’IEN assiste de droit aux réunions Président : le directeur d’école (fixe l’ordre du jour). |
-50% de représentants des communes ;
![]() ![]() Président : un représentant des communes (il fixe l’ordre du jour et a voix prépondérante en cas d’égalité des voix). |
Attributions | Attributions |
-vote le règlement intérieur ;
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-adopte le règlement intérieur ;
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Directeur | |
-procède à l’admission des élèves et les répartit dans les classes ;
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-est l’organe exécutif de l’EPEP ;
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Conseil des maîtres | Conseil pédagogique |
Composition | |
-le directeur, président ;
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-le directeur de l’EPEP, président ;
![]() ![]() Le ou les IEN assistent de droit aux séances du conseil pédagogique. |
Attributions | |
-élabore, actualise et évalue le projet d’école, sous la coordination du directeur ;
![]() ![]() ![]() complémentaires : OCCE, USEP... ![]() ![]() |
-coordonne l’action pédagogique des écoles concernées ; ![]() |
Sud éducation Manche